Un don fondateur
La bibliothèque de la ville de Strasbourg est l’une des plus anciennes bibliothèques municipales de France. Conçue dès ses origines pour être accessible à tous, elle est fondée en 1765 par le legs de la bibliothèque de Jean-Daniel Schoepflin, historien et archéologue alsacien qui souhaite par ce don contribuer au rayonnement culturel de Strasbourg. Les 11 000 volumes qui la composent, couvrent alors les domaines historiques et scientifiques.
La bibliothèque municipale des origines
Propriété de la ville, le fonds occupe à cette époque le chœur de l’Église du Temple-Neuf à côté de la bibliothèque de l’Université créée pour sa part en 1531. Les collections issues des confiscations révolutionnaires viennent également compléter la bibliothèque personnelle de Schoepflin, ainsi que le don du facteur d’orgues et archéologue Jean-André Silbermann versé par les Archives municipales.
La bibliothèque du XIXe siècle
C’est par la saisie des biens du clergé que la bibliothèque rassemble en 1803 les collections importantes des couvents du Bas-Rhin, dont l’Hortus Deliciarum ou Jardin des Délices, l’un des plus célèbres manuscrits alsaciens. En plus de ces nouveaux fonds spécialisés en théologie et philosophie, la bibliothèque diversifie ses acquisitions pour attirer plus largement la population et devient vers 1830 avec ses 400 000 volumes une étape incontournable selon les guides touristiques de l’Alsace.
L’incendie de 1870
Assiégée par l’armée prussienne en 1870, Strasbourg subit de nombreux bombardements et le Temple Neuf est incendié dans la nuit du 24 au 25 août. Les collections de la bibliothèque sont détruites, causant un véritable traumatisme dans la ville et au-delà. Grâce à la volonté politique de la municipalité de ressusciter cette bibliothèque détruite, un vaste élan de solidarité se met en place. Les institutions et les particuliers participent à cette renaissance, comme les bibliothèques de Colmar et Sélestat qui donnent à cette occasion des doubles de leurs incunables et ouvrages du XVIe siècle.
La renaissance de la bibliothèque grâce à Rodolphe Reuss
C’est aussi grâce au travail acharné de l’historien Rodolphe Reuss que la bibliothèque renaît de ses cendres. Nommé conservateur en 1873, il se donne pour mission de reconstituer et réorganiser les collections qui dépassent les 110 000 documents en 1896 (date du départ de Reuss pour Versailles). Selon Reuss, la bibliothèque doit être un institut de culture pour la population strasbourgeoise. C’est sur son initiative que l’établissement est ouvert quotidiennement, contribuant à accroître la fréquentation du lieu.
La fin du XIXe et première moitié du XXe siècle
D’abord installée dans le Bâtiment des Grandes Boucheries (aujourd’hui Musée historique de Strasbourg) et par crainte d’une invasion de rats, la bibliothèque ainsi que les Archives municipales déménagent en 1887 dans l’amphithéâtre de l’ancienne École de Médecine porte de l’Hôpital. Le début du XXe siècle voit la création d’une Société des Amis de la Bibliothèque. A l’approche des troupes allemandes au début de la seconde Guerre mondiale, les collections sont évacuées au château d’Odratzheim près de Strasbourg et à Périgueux. Sous l’annexion, la Stadtdbücherei est mise en place par l’administration allemande autour d’une bibliothèque principale et d’un réseau d’annexes.
Le déménagement à la rue Kuhn
Après le rapatriement des ouvrages évacués, la bibliothèque municipale rouvre ses portes en 1945. Rendue nécessaire par l’extension de la ville, la création d’un nouveau réseau d’annexes, de 1965 à 1975, contribue à l’accroissement de l’activité de lecture publique. Le bâtiment de l’ancienne École de Médecine s’avère vite exigu et inadapté. La municipalité décide alors la construction d’un bâtiment spécifique rue Kuhn (actuelle Médiathèque Olympe de Gouges).
Le déménagement au Port d’Austerlitz
Depuis 2008, le fonds patrimonial riche de 300 000 documents s’installe dans la nouvelle Médiathèque André Malraux, bâtiment industriel reconverti, situé dans le Port d’Austerlitz. Conservés dans 8 magasins, ils sont consultables au cœur du bâtiment dans la salle du patrimoine.